Ma
Vie
>>Insouciance :
Pour certains, l’enfance est un calvaire. Ce n'a pas été pas mon cas.
Je suis née ici, à New York, cinq ans avant la Chute. Je ne me souviens de cette brève période assombrie par la guerre qu’à travers les livres d’Histoire. Moi, j’ai le sentiment d’avoir toujours connu le monde tel qu’il est aujourd’hui, anormal et dans lequel les apparences dissimulent un nouveau genre de batailles, plus insidieuses... presque honteuses.
On a très vite pris conscience que l'humanité telle que nous l'avions connue n'existait plus. Nous avions changé, tous. Mais je dois avouer que mes parents ne se sentaient pas particulièrement concernés, et que par conséquent, moi non plus.
Je menais donc ma petite vie bien tranquillement. J’aimais bien apprendre, et par conséquent, je m’en sortais plutôt bien scolairement parlant. Mon attitude légèrement insolente, déjà à cette époque, m’a parfois attiré quelques ennuis mais je n’avais pas à me plaindre.
Je n’étais pas une solitaire, mais si j’appréciais la présence de mes amis à mes côtés, j’avais aussi besoin de calme et de silence pour me consacrer à la passion que je me suis très vite découverte... l’écriture. Lorsqu’on est gamin, on écrit tout ce qui nous passe par la tête, ça manque souvent de maturité, il n’empêche qu’à l’âge de onze ans j’esquissais déjà mes premiers pas sur le chemin de cet art qui consistaient en tisser les mots pour en faire une histoire.
Prise de conscience :
J’ai commencé à me sentir concernée par les guerres intestines qui brûlaient dans ma ville et sur le reste de la Terre vers l’âge de quinze ans. J’avais entendu parler des trois... races d’êtres humains qui formaient à présent l’humanité et si je n’en savais pas quand chose, j’étais absolument persuadée d’être une kiida. Après tout, les foules d’émotions qui parcouraient mon esprit en hurlant des slogans sans queue ni tête me faisait correspondre à ce qu’on disait des kiidas, et je n’avais rien qui puisse briser cette conviction. J’étais normale, absolument normale, et il était hors de question que je sois habitée par un monstre ou bien encore que je sois insensible...
Je m’intéressais de plus en plus à l’actualité et ce qu’on y entendait était terrifiant. Combien de fois parlait-on de familles entières assassinées par des créatures incroyables, ou bien des corps atrocement mutilés découvert au fond d’une impasse, ou encore de mystérieux incidents qui causaient la mort de dizaine de parfaits innocents ? Je me persuadais peu à peu que les diez, ces êtres habités par ce qu’on appelait un Eteshi, ne valaient pas mieux que les créatures qui les avaient choisis. Après tout, si ces monstres les choisissaient, c’était bien parce qu’ils leur ressemblaient... non ?
Mes certitudes se sont vues confirmées par le changement de comportement de certains de mes amis. Ils semblaient d'abord terrifiés jusqu’à devenir violents ou simplement jusqu’à s’habituer à leur nouveau statut et se comporter comme s’ils étaient supérieurs. Un grand nombre d’entre eux, et parmi les plus chers, ont disparu de ma vie. Je ne pouvais plus leur faire confiance, je ne pouvais pas...
J’avais dix-sept ans lorsque l’accident est arrivé. Ou plutôt, lorsque les accidents sont arrivés. Je vivais encore chez mes parents et m’entendais... comment dire ?
Très bien avec le fils de nos voisins, un couple charmant, comme on dit.
Mais c’est ce que j’appelle un grand choc lorsqu’un matin, la porte des voisins est à dix mètres de son embrasure et que le sang du couple si charmant a servi à repeindre les murs trop propres de la cuisine... et un choc d’autant plus grand lorsque celui que l’on croyait connaître, qui n’est même pas majeur et qu’on aimait a disparu.
Ma méfiance a commencé à naître à ce moment là. Ainsi que le sentiment d’insécurité. Les diez étaient dangereux et je devenais de plus en plus persuadée qu’il fallait agir...
La peur a succédé au chagrin, et le chagrin à la rage.
Autour de moi, des amis sont morts, d’autres ont perdu des proches, et d’autres encore sont devenus fous. Peu à peu, tous les jours, il me semblait entendre un nouvel incident, un nouveau meurtre, une nouvelle horreur. Les diez étaient des monstres... il fallait les faire disparaître si on voulait espérer avoir un jour la paix... Les liros m’importaient peu, ils n’étaient ni pires ni meilleurs que les kiidas mais les diez... je les haïssais.
Engagement :
J’avais dix-huit ans, et j’avais entamé des études d’océanologie. L’océan était quelque chose qui me passionnait, tant pour son aspect absolument lunatique que pour les grands mystères qu’il dissimulait encore et qui exaltaient mon imagination. Il me semblait que cette science s’alliait merveilleusement avec ma passion pour l’écriture et je persiste à le croire.
L’université me plaisait bien. Aucun des amis que je connaissais ne m’y ont suivie, de une parce qu’un grand nombre d’entre eux n’étaient plus là, et de deux parce que l’océanologie était une voie peu commune.
Il n’empêchait pas que l’ambiance était tout aussi pesante de soupçons et de méfiance que dans le reste de la ville, et je ne pouvais pas oublier ma colère.
La différence avec le reste du monde, en revanche... c’est que j’y ai rencontré des gens comme moi. Leurs histoires étaient parfois similaires à la mienne... parfois bien pires. J’ai commencé à parler davantage avec eux, et même à les fréquenter davantage. La haine de certains me faisait peur mais c’était la première fois que je découvrais des personnes qui comme moi, ne supportaient plus cette tension perpétuelle qu’on ressentait à ne pas être en sécurité...
C’est là que j’ai découvert l’existence des Calibres. L’une de mes nouvelles rencontres, un jeune homme plus âgé que moi d’une année et qui se nommait Ian, faisait parti de ce groupe depuis cinq ans. Je me souviens encore de ses paroles...
« Tu sais, Kate... Je sais que tu veux agir, ça fait longtemps que tu m’en parles. Je connais des gens qui ont cessé de simplement parler, pour agir. J’en fais parti. Et si tu veux... je peux te les présenter. »ça a tout simplement commencé ainsi. J’ai rencontré les Calibres et on m’a demandé si j’étais prête à tuer, prête à affronter réellement mes ennemis. J’ai pensé à tous ceux qui étaient morts par la faute des Eteshis et de leurs hôtes.. et j’ai accepté.
Violence :
Durant les trois premiers jours, j’avais le sentiment que rien n’avait changé et c’était des plus frustrants. Ian m’avait dit qu’il me préviendrait s’il y avait une réunion des Calibres. Il devait rester prudent : selon lui, des groupes antagonistes aux leurs existaient également et n'étaient pas moins dangereux.
J’attendais donc un signe de sa part, et l’expectative de pouvoir enfin changer les choses, sans cesse déçue, devenait insupportable. Aussi lorsqu’Ian est venu vers moi, un large sourire aux lèvres, pour me dire que les Calibres avaient décidé de me laisser la chance de faire mes preuves et que, pour cela, j’allais les suivre lors d’une attaque, ai-je été ravie.
Dire que je n’ai pas eu peur serait un mensonge. J’ai été purement terrifiée, d’autant plus lorsqu’on m’a tendu un revolver, et que nous sommes partis à travers la ville, dissimulés par le voile d’obscurité de la nuit.
« ça va, Kate ? m’a demandé Ian.
- Ouais. Juste... je sais pas où on va, j’ai jamais tiré de ma vie et...
- ...tu as peur... ?
- Oui. » Il avait souri avec beaucoup de gentillesse et avait murmuré :
« Ne t’inquiète pas. Nous sommes là. Ce n’est jamais simple, au début. Mais après, tu verras, on apprend vite.
- J’espère. »Cette nuit là est restée gravée dans ma mémoire pour les années à venir. Pourtant, ça n’a pas été la pire, mais c’était la première fois que je me heurtais à une telle violence. Les Calibres avaient repéré un couple d’une trentaine d’années qui leur semblaient être des diez. Après enquête, cette supposition s’était avérée vraie et ils avaient décidé de passer à l’attaque.
J’ai été incapable de tirer ce soir-là et ç’a été avec une certaine révulsion que j’ai observé mes compagnons tuer les deux malheureux. Mes remords ont été étouffés par la féroce résistance qu’ont opposée les deux diez et leurs Eteshis, mais cette nuit-là, j’ai dû choisir. Me battre et suivre mes convictions... ou cesser aussitôt que cela commençait et me terrer, lâchement, histoire d’avoir bien peur toute ma vie.
Cette nuit-là, j’ai choisi la violence...
Il est surprenant de voir à quel point on peut s’enfoncer rapidement dans cette violence, dès l’instant où on se sent prêt à l’assumer. Il m’a fallu du temps avant que j’ose appuyer sur la détente. Mais j’avais encore dix-huit ans la première fois que j’ai tué. Ce n’est pas quelque chose qui s’oublie.
Au début, on se souvient des moindres détails. On compte le nombre de ses victimes. On en rêve, on y pense, sans cesse... Et peu à peu, les regrets s’estompent. On s’habitue à la violence. On s’habitue à la détonation qui met fin à une vie. On s’habitue à viser, soigneusement, et à effacer toutes réflexions pour ne garder que le désir de tuer.
Désespoir :
La vie suivait son cours... Je jonglais entre les missions que me confiaient les Calibres, mes études et ma relation avec Ian qui avait évolué jusqu’à passer de simple amitié à réel amour. Cela semble évident, me direz-vous. Comme quoi, la vie est aussi facile à deviner que les histoires, parfois.
J’ai tissé des liens très forts avec mes nouveaux compagnons d’armes. Le danger rapproche toujours les gens et même si leur cruauté était parfois effrayante, j’ai appris à tous les apprécier... Il me semble que c’était réciproque... à cette époque du moins.
Je crois que je me sentais... heureuse ? Oui. J’avais trouvé la place qu’il me fallait dans cette nouvelle société, je savais où j’allais, j’avais des amis et quelqu’un que j’aimais. Je n’avais pas à me plaindre...
... jusqu’à ce qu’il se manifeste à moi.
Cela faisait trois sans que j’avais rejoint les Calibres. Nous nous réunissions souvent, même lorsque cela n’était pas nécessaire. Retrouver ceux qui pensaient comme nous nous faisait toujours le plus grand bien et nous prenions plaisir à nous voir en dehors du danger.
Ce soir là, nous nous étions donc retrouvés comme à notre habitude dans le petit appartement que louait Ian. Nous approchions de la fin de la soirée, et alors que j’étais confortablement blottie dans les bras de Ian, que je m’assoupissais doucement, bercée par la voix de mes amis... la sienne, de voix, a retenti, grave et moqueuse :
« Bonjour Kate... » J’ai sursauté violemment, tirant mon ami du sommeil dans lequel il se laissait emporter. Stupidement, j’ai demandé :
« Vous avez entendu ça ?
- Mais qu’est-ce que tu dis, Kate ?
- Je...»Le coeur battant, une peur sourde emplissant peu à peu mes veines à chaque pulsation, je m’efforçais de conserver mon calme.
« ça fait un choc, n’est-ce pas ? » Brutalement, j’ai tourné la tête, ignorant les regards étonnés de mes compagnons.
« Qui aurait cru que tu serais ton propre ennemi ? poursuivait la voix.
- Tais-toi... ai-je chuchoté, la peur faisant place à une panique étouffante.
- Kate ? ça va ? » La tête me tournait. Je me suis dégagée des bras de Ian, et vacillante je m’efforçais de rejoindre la sortie. Besoin d’air... besoin de recouvrer mes esprits... je rêvais, je rêvais, il n’y avait pas d’autres possibilités !
« Que diraient tes chers amis s’ils savaient qui tu étais ? - Tais-toi ! - Que diraient-ils s’ils savaient que tu les as trompés pendant tout ce temps ? - Ce n’est pas...- Que diraient-ils s’ils savaient que tu es une diez ? - TAIS-TOI ! » Je n’arrivais pas à me concentrer sur mes amis qui me regardaient, terrifiés. La voix envahissait toutes mes réflexions, et déjà elle reprenait :
« Cela fait deux ans que je me tais. Deux ans que je t’observe, toi, petite humaine pitoyable qui cherche un sens à sa vie. Je ne me tairai pas aujourd’hui. - Qu’est-ce que tu veux ? - Sors d’ici. Tes amis sont insupportables. Je veux te parler tranquillement.- Mais...
- Kate ! Putain qu’est-ce qu’il se passe ? J’avais le souffle court, la vue brouillée, les oreilles bourdonnantes. Un bref instant, sous l’exclamation de Ian, je suis revenue à moi.
« Il y a un problème... ai-je tenté d'expliquer.
- Sors d’ici. Où c’est moi qui vais le faire et ça leur plairait moyennement » continuait le monstre.
L'idée d'être seule, dehors, avec lui me terrifiait et l'air frais de l'extérieur qui me tentait tellement quelques secondes auparavant m'apparaissait à présent comme un danger mortel.
« Je ne veux...»Douleur. Insupportable, cisaillant une à une la moindre cellule de mon corps. La respiration coupée, je me suis sentie basculer en avant dans une obscurité si impénétrable qu’un bref instant j’ai cru à la mort.
Puis... je me suis retrouvée dans une pièce étroite, d’à peine trois mètres sur trois, assise sur une chaise, face à un écran qui occupait tout le mur face à moi et sur lequel les images qui défilaient étaient d’un réalisme saisissant. J’ai jeté un oeil inquiet tout autour de moi pour constater que des hauts parleurs recouvraient toutes les parois qui demeuraient libres.
Ces constatations faîtes, j’ai pris conscience de ce que signifiait la scène.
« NON !! Laisse-moi sortir !! Ne fais pas ça ! »Impitoyable, l’écran m'a montré le visage horrifié puis rageur de mes compagnons. J’entendais leurs hurlements d’incompréhension, leurs appels mais... je n’étais plus là...
« Libère-moi !! » ai-je encore hurlé avant d’éclater en sanglots.
Je ne suis même pas sûre qu’il m'entendait. Quoiqu’il en soit, il m’a ignorée et d’un bond, balayant négligemment ceux qui se trouvaient sur sa route, a rejoint la sortie. Les hauts-parleurs me faisaient parvenir ses grognements inhumains et bientôt, l’écran s’assombrit. Nous étions à présent sous le ciel étoilé de cette nuit qui aurait dû être comme les autres.
Je me suis enfermée dans mon désespoir. Je ne parvenais pas à réaliser ce qu’il se passait, mais je comprenais qu’une ère s’achevait pour moi. Je n'avais jamais été celle que je croyais être...
J’ignore pendant combien de temps il a couru ainsi à travers les rues paisibles de New York. Quoiqu’il en soit, une fois parvenu dans un lieu qu’il jugeait suffisamment inhabité, l’écran qui me servait d’intermédiaire avec le monde extérieur s’est fissuré et, en un réflexe que j’aurais jugé stupide en tout autre occasion, j’ai bondi à travers l’ouverture...
Durant une fraction de seconde, je n’ai plus rien entendu, plus rien vu, puis la sensation de l’air froid de l’extérieur a déferlé sur mon corps en un long frisson. Je me suis effondrée, haletante, avec le sentiment d’avoir été tabassée à mort.
« Nous sommes plus tranquilles ici, tu ne penses pas ? - Ta gueule... ai-je craché entre mes dents serrés pour lutter contre la souffrance qui dansait joyeusement au creux de mon corps.
- Enfin, Kate... a lancé la créature, moqueuse.
Sois un peu plus polie... ça serait dommage de gâcher notre rencontre, après tant d’années tu ne crois...- Je m’en fous. » Il se moquait de moi. Je n’avais jamais ressenti une rage aussi violente contre qui que ce soit avant lui.
« Je m’appelle Dahnrok. Je suis un deka. - Je m’en fous. Dégage. - Je ne peux pas. »Si je ne prenais pas totalement conscience de ce que j’étais, je me rendais compte de l’horreur de ma situation et c’était un désespoir des plus noirs qui m’étreignait. Avec lenteur, je me suis redressée. J'ai mis quelques secondes à trouver mon équilibre, puis j'ai sorti mon arme de son étui dissimulé au niveau de mon flanc et ai plaqué le canon contre ma tempe.
« Et si je me tue, tu partiras ? ai-je craché.
- Je changerai simplement de corps. ça serait dommage.»J’ai hésité un bref instant à appuyer sur la détente, rien que pour l’obliger à trouver quelqu’un d’autre. Mais je tenais à la vie, bien trop pour y mettre fin sur un simple coup de tête. Découragée, j’ai laissé tomber mon bras le long de mon corps.
« Je te remercie, Kate.- Ta gueule. » Je manquais cruellement de subtilité mais dans ces cas là, ça ne semble jamais très important.
« Si tu veux un conseil...- Je n’en veux pas. - ... tu devrais éviter de me parler à haute voix. ça risque d’attirer l’attention.- ça serait dommage... » ai-je ironisé sans lui obéir.
Et soudainement, je me suis rendue compte qu’en l’espace d’une dizaine de minutes, j’avais perdu tous mes amis. J’étais devenue une ennemie, à leurs yeux. J'étais une diez... j'étais un monstre...
J’ai pleuré toute la nuit.
Et maintenant... ?
Et maintenant... maintenant j’essaie de mener une vie à peu près normale malgré sa présence. C’est dur. Voir impossible. Il est prêt à tout pour me montrer à quel point l’humanité est futile, cruelle, stupide et pitoyable. Et ses méthodes sont absolument détestables.
Me mener droit jusqu’aux Calibres et m’abandonner à ma forme humaine devant eux pour me prouver comme ils oublient vite l’amitié n’est pas une expérience agréable. J’en porte encore les marques. Et ce n’est même pas le pire qu’il m’ait fait subir.
Il a failli me convaincre plus d’une fois que je ferais mieux d’abandonner tout lien avec la société. Mais je m’accroche.
J’ai dû changer d’université pour finir mes études et j’ai été embauchée il y a un an de cela dans une équipe de chercheurs qui travaille actuellement sur l’influence des éruptions volcaniques sous-marines sur la vie des profondeurs. J’écris également un livre qui se veut être une simple fiction de notre futur, mais les mots qui le construisent ont beau être d’une violence qui semble exagérée, je me demande souvent si je ne m’approche pas de la réalité qui sera la notre dans quelques temps.
J’ai perdu tous mes amis appartenant aux Calibres et ils me recherchent de façon particulièrement active. Leur échapper devient difficile, et je serais sûrement déjà morte si Dahn' n’était pas là.
J’essaie de conserver des liens corrects avec ma famille en leur dissimulant ma véritable nature, et je m’entends bien avec mes collègues de travail. Dahnrok essaie sans cesse de briser les seuls ponts qu’il me reste avec la société, mais je refuse de le laisser faire.
Je resterai maîtresse de ma vie...
Extrait de journal de Kate Banks, septembre 2110.